Ma question au Ministre sur la crise agricole - Sénateur Gérard LAHELLEC

Ma question au Ministre sur la crise agricole

Ma question au Ministre sur la crise agricole

 

 

Monsieur le ministre de l’Agriculture,


Les passions populaires que suscite chaque année le salon de l’agriculture ne doit pas nous faire perdre de vue la crise structurelle qui la traverse.
En 1946 nous comptions 6 millions de paysans. Nous comptons moins de 400 000 exploitations agricoles aujourd’hui. Sur ces dernières, la moitié des agriculteurs et agricultrices accédera à la retraite dans les dix ans à venir.


Chaque jour, deux paysans se suicident, et dans le même temps, les grands actionnaires des industries agro-alimentaires captent la moitié de la valeur ajoutée après paiement des salaires et des impôts de production.


C’est la preuve que la valeur ajoutée, malgré les lois EGALIM, est allée plus vers « l’aval », c’est-à-dire vers la distribution plutôt que vers la ferme qui est pourtant la source de production de cette valeur.


Ce système a poussé à une pression permanente sur les prix à la production.


Toutes les filières sont touchées à des degrés divers. Pour m’en tenir au seul exemple de mon département des Côtes d’Armor, nous avons perdu en 1 an la production de 10 millions de litres de lait ! Et aujourd’hui, les grands groupes industriels du lait tentent un véritable chantage en allant parfois jusqu’à menacer de refuser de collecter le lait auprès des producteurs qui n’accepteraient pas le prix qu’ils imposent !


Dans un tel contexte, comment ne pas comprendre que l’accumulation des normes et des paperasseries ajoutent à l’exaspération ? Mais ce ne sont pas elles qui contribuent à diminuer le revenu paysan.


Le gouvernement est-il disposé à engager un mécanisme de type « coefficient multiplicateur et prix planchers » permettant de mieux garantir le retour de la valeur ajoutée à la ferme et à soutenir les initiatives et les expérimentations en cours pour les coopératives locales, les circuits courts, les actions des municipalités ? Est-il disposé aussi à porter le fer pour remettre en cause les accords de libres échanges ?