Ecole : Après les annonces du Ministre - Sénateur Gérard LAHELLEC

Ecole : Après les annonces du Ministre

Ecole : Après les annonces du Ministre Attal

 

 

« Travail », « mérite », « examens », « sélectivité », « redoublement » « autorité » « ordre » : ce sont les mots répétés par le Ministre de l’Éducation nationale pour annoncer ses grandes ambitions pour l’école.

 

Il est vrai que l’école de la République est en crise comme le confirme l’enquête réalisée par l’OCDE qui compare le niveau scolaire des élèves de 15 ans dans 74 pays. Le résultat est très préoccupant : les élèves Français se classent 26es en sciences et en mathématiques, 28es en compréhension de l’écrit.

 

Face à une telle crise, nous aurions été en droit d’attendre du Ministre un début d’analyse des causes de cette crise et une esquisse de dispositions à engager pour concourir à la mise en œuvre d’une école de la réussite pour toutes et pour tous.

 

Mais pour le Ministre et pour les conservateurs de tous poils, ces mauvais résultats, cette crise, seraient le produit d’une approche égalitaire des offres d’enseignement, d’une complaisance généralisée et d’une philosophie héritée de mai 68 qui aurait porté la vision utopique d’un monde sans contraintes et sans lois…Finalement, bien que cela ne soit pas dit, cette crise aurait pour cause les enseignants eux-mêmes !

 

Le Ministre aurait dû voir que le système scolaire tel qu’il fonctionne aujourd’hui, reproduit les inégalités, toutes les inégalités et discriminations qui existent dans la société.

 

Le Ministre aurait pu se rappeler du temps pas si lointain qui précédait le collège unique ; c’était le temps des cours complémentaires et des CEG et l’immense majorité de ces collégiens étaient condamnés à un cycle d’enseignement court, aux lycées professionnels ou à l’apprentissage.

 

C’était pour moi le temps où l’on disait encore qu’il n’était pas nécessaire de savoir lire pour garder les vaches ou pour les mener au champ !


S’agissant des sciences et des mathématiques, monsieur le ministre aurait dû se rappeler que ce sont ses prédécesseurs qui, en raison de la faible attractivité de ces disciplines avaient décidé de les supprimer des programmes !

 

Certes, pour réussir à l’école et réussir son parcours professionnel, il faut travailler et donc gratifier le travail. Il n’est pas si loin le temps où les parents pouvaient encore véhiculer et valoriser une culture de l’école de la République en disant à leurs enfants qu’en travaillant bien à l’école ils auraient un avenir radieux demain. Ce n’est hélas plus totalement vrai aujourd’hui !

 

En vérité, la seule ambition annoncée par le Ministre est celle de mettre l’école au pas pour adapter les moyens d’instruction à ce qu’exigera de nos jeunes le monde impitoyable auquel ils seront condamnés à se soumettre.


Oh certes, l’annonce de la fin de la complaisance dans les notations, l’élévation souhaitée des niveaux, la valorisation du travail au mérite, l’ordre et la discipline, ne manqueront pas de séduire une partie de l’opinion publique.

Mais l’école est-elle faite pour ça ?

 

Dans le prolongement de ces annonces on nous parle maintenant du port obligatoire de l’uniforme, de sélection précoce, de roman national, de salut au drapeau et de restauration de l’autorité du maître… voilà à quoi se réduit aujourd’hui le débat et il est parfois difficile de dire qui le promeut.

 

En revanche, au plan politique, nous savons à qui profite ce discours. Une rhétorique qui habille « à moindre coût » des politiques d’abandon et de restrictions budgétaires et qui surtout détourne les regards d’autres enjeux : la lutte contre les inégalités sociales, le défi d’une pédagogie critique permettant de comprendre le monde et de le changer.


Gérard Lahellec

Le 06/12/2023