
Question écrite au M. le ministre de la santé et de l’accès aux soins sur la santé des femmes et les conséquences de la baisse du nombre de postes d’internes en gynécologie médicale.
Pour la première fois depuis le rétablissement obtenu en 2003 de la formation avec le diplôme d’études spécialisées de gynécologie médicale, le nombre d’étudiants admis à suivre l’internat pour devenir gynécologue médical a subi une diminution d’ampleur, puisque de 91 postes pour l’année 2023-2024, ce nombre est passé pour cette année 2024-2025 à 79. L’argument selon lequel cette diminution aurait pour origine un faible engouement des étudiants pour ce choix de spécialité ne peut être recevable. La réponse aux besoins territoriaux d’offre de santé relève d’une décision politique gouvernementale et non de choix discrétionnaires individuels.
Cette diminution est d’autant plus problématique que le nombre de gynécologues médicaux en exercice est déjà déficitaire. Si 11 départements sont dépourvus de gynécologues médicaux, tous connaissent un allongement grandissant des délais d’obtention d’un rendez-vous auprès de ces spécialistes. Le département des Côtes-d’Armor connaît quant à lui une diminution de trois quarts de ses effectifs entre 2010 et 2023.
Les conséquences d’un tel choix politique sur la santé des femmes sont malheureusement connues : retards de diagnostics, notamment pour les cancers, donc perte de chances pour la réussite des traitements, multiplication des infections sexuellement transmissibles, ménopauses à l’abandon… Dès lors, le non recours aux soins s’aggrave. À titre d’exemple, 53 % des Costarmoricaines ont recours au dépistage généralisé du cancer du sein, contre 60 % il y a dix ans.
Cette situation s’inscrit dans un contexte de modifications inquiétantes des pratiques chez les jeunes, mises en évidence par une étude menée, sur cinq ans, par l’institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) : forte diminution du recours à la pilule, recul de la vaccination contre l’hépatite B et des papillomavirus, hausse des grossesses non désirées et démédicalisation de la santé sexuelle. Ces phénomènes porteront à terme leur lot de conséquences financières, engendrant de facto une augmentation de la prise en charge du fait de l’aggravation des pathologies faute de prévention.
Dans un contexte où la baisse du déficit public se fait pressante, il est nécessaire de ne pas faire porter l’effort d’économie sur l’investissement pour la santé des femmes et sur la nécessité de sanctuariser a minima 91 postes d’internes en gynécologie médicale et de porter ce nombre dans la mesure du possible à 100.