
J’appelle l’attention du Ministre de la Santé sur la situation préoccupante générée par la baisse drastique du nombre de postes d’internes ouverts l’été dernier, comparativement à l’année précédente.
L’arrêté ministériel du 7 juillet 2024 annonçait la suppression de 1 500 postes d’internes de médecine pour la promotion 2024. Alors que depuis plusieurs années, le nombre de postes augmentait (+3 % en 2022, +5 % en 2023), cet arrêté a consacré une baisse de 16 % par rapport à l’année précédente.
Jamais depuis 2016 le renfort d’étudiants n’aura été si faible pour les hôpitaux, dont les besoins n’ont jamais été aussi importants. Les deux tiers des départements ont vu leur densité médicale reculer entre 2010 et 2024. À ce jour, six millions de Français n’ont pas de médecin traitant et 87 % du territoire national est classé désert médical.
Plus de 26 000 patients espèrent chaque année recevoir un don d’organe, moins d’un quart sont réellement greffés tandis que plus de 900 décèdent avant d’avoir été appelés.
Du nouveau-né à la personne âgée, nombreux sont les patients dont la vie est sauvée ou considérablement améliorée grâce à une greffe d’organes. Les besoins ne cessent de croître, et cette augmentation découle en premier lieu du succès de la greffe, une technique médicale de mieux en mieux maîtrisée et qu’il me soit permis de saluer ici tous les praticiens qui constituent l’avant-garde de ce progrès de l’humanité. En conséquence, les situations dans lesquelles une greffe est recommandée sont de plus en plus nombreuses et diversifiées.
Le cas de la spécialité de gynécologie médicale est particulièrement éloquent. Entre 2010 et 2013, les effectifs de cette spécialité sont passés de 515 à 193 en Île de France. Mon département des Côtes d’Armor connaît quant à lui une diminution de trois quart de ses effectifs. La diminution du nombre de postes d’internes (entre 10 et 17) actée l’an dernier fait peser un risque grave de renoncement à un suivi gynécologique régulier, aux soins et aux dépistages primordiaux en termes de prévention de cancers ; autant de conséquences sanitaires qui à terme engendreront une augmentation de la prise en charge du fait de l’aggravation des pathologies.
Dans un contexte où la baisse du déficit public se fait pressante, il est absolument indispensable de ne pas faire porter l’effort d’économie sur l’investissement dans le personnel médical. Il est nécessaire que le nombre d’internes retrouve a minima son niveau de 2023 afin de pas aggraver l’état existant des déserts médicaux et mettre en péril le droit à la santé de nos concitoyennes et concitoyens !