Séparatisme et Respect des principes de la République - Sénateur Gérard LAHELLEC

Séparatisme et Respect des principes de la République

Séparatisme et Respect des principes de la République

 

 

 

Calvaires bretons

Madame, Monsieur,


Vous avez bien voulu m’interpeller en ma qualité de parlementaire au sujet du discours de Monsieur le Président de la République sur la question du séparatisme et je vous en remercie.


Permettez-moi donc de vous faire part sans détour d’une conviction : celle selon laquelle, pour résister et vaincre les séparatismes, il faut commencer par ramener la République au rendez-vous de ses promesses et de ses fondements, là où elle a démissionné depuis de nombreuses années.


D’une part, la République est fondée sur les idées portées par les philosophes des Lumières et les valeurs de liberté et d’égalité véhiculées par la Révolution française.


En France, la conquête de ces valeurs s’est faite parallèlement au passage de la monarchie chrétienne de droit divin à la République laïque, c’est-à-dire se réclamant de la neutralité religieuse de l’État et de ses représentants, qui s’engagent cependant à ce que toutes les religions soient respectées. En effet, si la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905, qui fonde la République d'aujourd'hui, dispose que « la République assure la liberté de conscience [et] garantit le libre exercice des cultes » (article 1), elle précise aussi que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » (article 2). Ainsi, la France n'a plus officiellement de religion, et à ce titre ne favorise ni ne discrimine une religion par rapport à une autre.


Vaincre les séparatismes, c’est donc en premier lieu refuser, quelles que soient les circonstances, toute forme de stigmatisation religieuse.

 

D’autre part, si la République est laïque, elle est aussi « sociale » (article 1er de notre Constitution).

 

A ce titre, il ne s’agit pas pour moi de préconiser un rapport d’égalité entre les hommes, mais bien de « rétablir un rapport d’équivalence » qui leur permette de se considérer comme de véritables associés dans le respect de leurs diversités dans la vie de la société.


Ceci nécessite des politiques audacieuses en matière d'emploi, de réindustrialisation des territoires, d’enseignement aux moyens accrus, de formations qualifiantes des jeunes et des salariés, de services publics refondés et étendus, d'égalité entre femmes et hommes, de revitalisation de la démocratie, d'une police et d'une justice de proximité, d'encouragement à un travail de mémoire approfondi sur les crimes de la colonisation. Et s'il s'agit de parler de la vie associative, en se préoccupant et en aidant sans délai les structures républicaines et leurs milliers de bénévoles qui agissent au quotidien contre les conséquences de la crise sanitaire, le développement de la précarité, la misère qui gangrène tant de nos communes.


Vaincre le séparatisme religieux, c’est donc aussi refuser toute tolérance envers ce « séparatisme » social dont on ne parle jamais et qui émane des privilégiés et de la haute finance qui décident aujourd’hui de tout, jusqu’au fonctionnement même de nos institutions !


En conclusion j’aimerais rappeler qu’il revient à mes yeux aux représentants du peuple de déterminer les droits et les devoirs de chacun, en considérant chaque être humain comme un « associé » dans la communauté humaine, faisant partie d’un groupe dont tous les membres sont inévitablement solidaires. Il faut donc sans cesse inventer et réinventer l’approche politique qu’il convient d’avoir pour permettre cette nécessaire symbiose entre le droit privé de chaque individu et le droit public de tous. Il me semble, pour ma part, que la meilleure thématique pour « animer » cette dialectique est la question sociale en ce qu’elle constitue l’élément central pour définir le « bien commun » de l’humanité dans notre République, conçue comme un système politique devant permettre de satisfaire l’intérêt général (du latin, res = la chose et publica = publique).


C’est après avoir levé tous les doutes sur la volonté réelle d’œuvrer pour ce « bien commun », c’est après avoir restauré cette « confiance », que la République pourra alors s’affirmer comme ce qu’elle doit être : un régime de droits et devoirs réciproques justifiant l’intervention de l’Etat quand elle s’avère nécessaire à la sauvegarde des droits fondamentaux.