PJL Climat : le droit de vivre dignement - Sénateur Gérard LAHELLEC

PJL Climat : le droit de vivre dignement

Projet de loi Climat : le droit de vivre dignement

 

 

 

Le projet de loi gouvernemental dit « Climat et Résilience » occupera durant 15 jours les débats en séance publique du Sénat. Ce texte, qui a été « enrichi » de 150 articles après son passage à l’Assemblée Nationale fera l’objet de l’examen de plus de 3 000 propositions d’amendements au Sénat ! Ceci illustre bien l’attachement de la représentation parlementaire aux questions soulevées par cette proposition de loi et traduite aussi dans les travaux de la convention citoyenne mise en place par tirage au sort à l’initiative du Président de la République après ladite crise des « Gilets jaunes ». Hélas, cette proposition de loi ne reprend pas l’essentiel des préconisations formulées par la convention citoyenne, ce qui tend à prouver la tendance du gouvernement à traiter avec la même négligence la représentation citoyenne et la représentation parlementaire !

 

 

Le bouleversement climatique agit comme un révélateur. Notre mode développement actuel n’est pas durable. Tandis que les pauvres et les pays les plus pauvres sont pillés quotidiennement, les ressources de la Terre diminuent, les pollutions se multiplient au point de détruire la biodiversité. Ce système fondé sur des inégalités criantes n’est pas durable et ce modèle qui sert les égoïsmes d’une minorité d’êtres humains ne peut pas constituer une perspective de vie durable pour une population mondiale qui atteindra 9,3 milliards d’individus en 2050.


Ce contexte fait penser au texte publié, en 1819, par Saint-Simon, un texte qui devait envoyer son auteur en Cour d’Assises et qu’on a appelé depuis « la Parabole de Saint-Simon ». Dans ce texte il défend les producteurs, c’est-à-dire tous ceux qui créent des richesses utiles à la vie par un travail intellectuel ou manuel. Il les appelle : « les abeilles », qui produisent tout, consomment peu, sont « en bas » de la société et dont on ne parle pas. A l’opposé, il attaque « les frelons », c’est-à-dire tous les oisifs qui vivent de leurs rentes, ceux qui ne produisent rien, mais qui consomment beaucoup et aiment qu’on les admire et que l’on parle beaucoup d’eux.
Cette thématique sociale, pourtant évoquée dans les travaux de la convention citoyenne, est totalement absente de la proposition de loi. Concernant la protection des espaces pour un développement des activités agricoles, il n’est jamais question des prix ni de la rémunération du travail paysan. S’agissant des mobilités et des transports, la proposition originelle n’évoquait même pas le fret ferroviaire ! Rien non plus sur les conditions à créer pour favoriser le report modal en faveur des transports collectifs ou une nouvelle ambition en faveur du logement social…


Pour relever l’immense défi qui est devant nous, il faut modifier nos manières d’utiliser les ressources, développer une nouvelle ambition publique, répartir les richesses autrement et engager ces démarches dans le respect de chacune et de chacun. Il faut aussi réinventer un mode d’échanges économiques permettant de sortir d’un certain consumérisme qui induit des pratiques dangereuses pour l’environnement. Bref, il faut inventer une nouvelle manière de vivre, de produire et de travailler.


L’enjeu que sous-tend le thème du « climat et de la résilience » aurait mérité un projet de loi ambitieux et une véritable dynamique populaire !
Il y a une attente, notamment parmi les plus jeunes générations, d’engagements concrets qui aillent au-delà de simples mesurettes, il faut sortir des opérations de communication à bon compte pour montrer une véritable volonté de traiter le problème.

 

A défaut, avec notre groupe nous nous engageons résolument en faveur de toute avancée qui sera de nature à entrouvrir une perspective de nature à donner confiance pour changer le cours des choses. L’occasion nous sera donnée d‘y revenir dans les autres débats à venir très prochainement.